Nid de bouées
2019, Nid de bouées – sculpture vivante et éphémère, Écosse, hors-formats
L’Océan est pollué. Les vagues régurgitent sur les plages.
Notre attention est attirée sur les débris, indices de vies humaines, venus se déposer sur les galets. Ils sont les témoins de l’omniprésence de l’Homme dans la Nature. Le bruit des galets qui s’entrechoquent accélère la réflexion, le processus naturel érode la matière jusqu’à la rendre poussière. Il est temps d’agir, de ramasser les déchets, de les rassembler.
Le bois flotté, les algues et les bouées de balisage maritime s’organisent. L’instinct pousse à la construction d’un nid, il faut commencer par les ramasser, les rassembler puis par les disposer. Spontanément la forme s’impose, la scène est courte et le travail efficace, la nuit tombe.
Le trajet du retour est excitant. Il créé un sentiment d’abandon du nid et d’impatience de partager l’expérience en invitant à venir à la rencontre du résultat. Le sentiment d’appropriation du lieu est là, de retour à la maison inauguration collective est convenue dès le lendemain.
Quelques heures plus tard, le ciel est clair, le vent est fort. À l’approche du rivage les regards se dispersent, ils accélèrent, ils cherchent sans savoir à quoi s’attendre. Et puis, plus rien, enfin si, le lieu, les débris, les galets, dans leur disposition initiale. L’œuvre est devenu souvenir, la seule trace de son existence est cette photo.
L’objet posé est intriguant, il rappelle le geste, la photographie le rend éternellement figé, elle fait appel à l’imagination. Ce travail prend aussi naissance dans une démarche qui rend hommage au travail de Richard Long qui manipule le paysage pour révéler sa stabilité.
Cette installation éphémère a permis une prise de conscience collective sur la place des installations humaines au sein d’un lieu où la puissance des éléments domine. L’effort physique semble inutile face aux rythmes naturels. L’œuvre permet la mise en lumière de cet espace composant ce paysage. L’appui sur l’imaginaire explore les relations entre le temps, la distance, la géographie et la mesure en expérimentant la dépollution en tant qu’art.